
Nous savons depuis longtemps que l’individualisation* des parcours est une nécessité pédagogique :
« Il n’y a pas deux apprenants
qui progressent à la même vitesse,
qui sont prêts à apprendre en même temps,
qui utilisent les mêmes techniques d’étude,
qui résolvent les problèmes de la même manière,
qui possèdent le même répertoire de comportements,
qui possèdent le même profil d’intérêt,
qui sont motivés pour atteindre les mêmes buts. » R. Burns
Qu’est-ce qu’apporte le blended learning ?
La Loi du 5 septembre 2018 dite « Avenir professionnel », donne une nouvelle définition de l’action de formation. Elle officialise le fait que l’on peut apprendre dans différentes situations et différents lieux. Elle ouvre la possibilité de formaliser et de reconnaître les formations ayant lieu en entreprise et en cours de production.
Le blended learning (ou formation mixte ou hybride) est un dispositif qui combine au moins deux modalités d’apprentissage :
le présentiel (formation classique au sein de l’organisme de formation)
l’e-learning (apprentissage en ligne)
l’AFEST : Action de Formation En Situation de Travail
Les dispositifs en blended learning permettent d’individualiser les parcours, en étant plus « agiles » que les dispositifs traditionnels.
En effet, en blended learning, un ensemble d’outils sont mobilisables pour permettre à chaque apprenant d’être plus actif et de trouver son équilibre en travaillant à son rythme, notamment lors des temps « asynchrones ».
Le blended learning peut également faciliter les entrées et sorties permanentes sur des parcours longs notamment les formations en alternance.
Concernant les formations courtes, le blended Learning permet de créer des parcours réellement ciblés.
Le blended-learning permet donc d‘assouplir les parcours grâce à des temps en e-learning ; tout en préservant les temps de formation en organismes de formation et en situation de travail qui sont indispensables pour la mise en oeuvre des compétences acquises.
Il n’y a pas de modèle de blended-learning : toutes les combinaisons sont possibles.
Comment tracer la progression et assurer le suivi sur un dispositif en blended learning ?
Que la formation soit proposée par un organisme de formation ou que ce soit une AFEST** organisée par une entreprise ; il est indispensable de commencer par déterminer les compétences visées (soit grâce à un référentiel existant soit suite à une analyse de poste) et de faire l’état des lieux des moyens mobilisables (humain, financier, spatio-temporel…).
Le positionnement est une étape incontournable de l’individualisation des parcours. Grâce à des tests, à des entretiens ou des mises en situation, cette phase permet d’identifier les besoins en formation de chaque apprenant et de vérifier les pré-requis nécessaire pour suivre la formation. Suite à l’analyse des résultats, un parcours individuel peut être proposé à chaque apprenant.
Dans le cadre de formations longues, les outils du e-learning permettent de proposer à l’apprenant un parcours de formation personnalisé, grâce à du contenu adapté à son niveau, et d’augmenter progressivement la difficulté pour arriver à l’objectif de la formation.
Les outils de reporting proposé par les LMS*** (progression des modules de formation, résultats aux quiz…) permettent aux formateurs d’identifier les niveaux des apprenants, et alors d’effectuer un suivi personnalisé et d’adapter le travail en présentiel en fonction des profils des apprenants.
La centralisation des données facilitent la coordination du parcours.
Cependant la prise en main des LMS n’est pas innée ; même si elles se veulent de plus en plus intuitives. Les formateurs, souvent des experts « métier », ne sont pas toujours à l’aise avec ce type d’outils.
Il en est de même pour les apprenants qui peuvent être gênés dans leur progression, si l’utilisation de la plateforme est trop complexe ou qu’ils rencontrent des problèmes de connexion. Un temps de formation et un référent technique semblent indispensables pour une utilisation efficace d’une LMS.
Sur des formations courtes ou dans le cadre d’AFEST, il est possible de proposer des formations en blended learning pour lesquelles, il n’est pas forcément nécessaire d’investir du temps et de l’argent dans une LMS.
Pour ma part, j’utilise des outils que quasiment tous les formateurs connaissent (voir quelques exemples dans mon portfolio). Ils sont simples, accessibles et pour la plupart gratuits.
En réfléchissant bien à leur combinaison, ils offrent aussi la possibilité de suivre la progression pédagogique et de tracer les résultats aux évaluations.
Il n’y a donc pas besoin d’être informaticien pour gérer la mise en ligne des contenus et donner les accès aux apprenants qui n’ont qu’à cliquer sur des liens pour accéder aux supports (vidéos, document pdf, quiz…). Certains outils, comme Googleform, offrent également la possibilité de visualiser les résultats aux évaluations individuellement et collectivement.
Pourquoi favoriser le blended learning et ne pas tout miser sur le e-learning ?
Il est parfois difficile de trouver le juste équilibre entre savoir vivre avec son temps, en utilisant tous les moyens à disposition ; sans se laisser emporter par les effets de mode, parfois onéreux et pas toujours utiles.
C’est pourquoi il est important de s’interroger sur la pertinence pédagogique des formations « tout e-learning » :
Vous pensez que l’on peut tout apprendre en regardant des vidéos et en s’exerçant virtuellement ? Vous laisseriez votre grand-mère ou vos enfants dans les mains d’un auxiliaire de vie qui n’a pratiqué que virtuellement des aides à la toilette, à l’habillage… Comment faire un retour sur l’équilibre des saveurs, sans pouvoir goûter le plat… Comment la réalité virtuelle pourrait-elle remplacer le coup de main d’un tailleur de pierres ? Il doit pouvoir sentir, toucher la matière pour vérifier la qualité de son travail…
Quelle crédibilité a une formation sur la communication orale, si l’apprenant est toujours face à un écran ? Comment peut-il tester la prise de parole en public ; s’il n’y a pas de public face à lui…
Certaines compétences professionnelles ne peuvent s’acquérir qu’en présentiel et grâce à la pratique : au sein de l’organisme de formation ou en entreprise.
Il y a beaucoup d’exemples où le « tout e-learning » n’est pas adapté, c’est particulièrement le cas dans le secteur de l’artisanat, l’agriculture, la restauration, les services à la personne…
Secteurs qui évoluent mais dont la société aura toujours besoin dans 20 ans.
D’autre part, tout le monde n’est pas fait pour suivre une formation en e-learning.
En plus des prè-requis en informatique, il faut de réelles capacités d’organisation et d’autonomie. Grâce aux formations en présentiel et en entreprise, les apprenants peuvent aussi développer au sein d’un groupe, des compétences sociales et relationnelles (les fameuses « Soft Skills ») qui sont importantes pour leur mobilité professionnelle.
Qu’il soit en blended learning ou non, pour fonctionner un dispositif doit avant tout être cohérent avec les exigences « métier », les besoins des apprenants et les moyens mobilisables (par les entreprises, les organismes de formation, les partenaires financiers….).
* « L’individualisation de la formation est un mode d’organisation de la formation visant la mise en œuvre d’une démarche personnalisée de formation.
Elle met à la disposition de l’apprenant (élève, étudiant, stagiaire, apprenti…) l’ensemble des ressources et des moyens pédagogiques nécessaires à son parcours de formation et à ses situations d’apprentissage. Elle prend en compte ses acquis, ses objectifs, son rythme ». Définition de l’AFNOR, norme NF X50-750 et FD X50-751
** AFEST : Action de Formation en Situation de Travail
*** LMS = un Learning Management System (LMS) En français, on parle de « plateforme d’apprentissage ».
ce sont des logiciels qui peuvent
héberger le contenu pédagogique multimédia
contrôler l’accès aux ressources
offrir des activités pédagogiques
faciliter les activités de tutorat et de pilotage de la formation (suivi des cursus apprenants)
faciliter le pilotage des ressources de l’organisme de formation (gestion des formateurs, des moyens logistiques et techniques)
gérer la communauté d’apprenants
permettre la gestion administrative des documents associés à la formation (attestation de formation par exemple)
Les LMS peuvent être gratuite (ex : Moodle) ou payante (ex : 360 Learning)